LA DÉFENSE CONTRE LES MENACES HYPERSONIQUES CHAPTER 1 ALERTE AVANCÉE
Série sur la défense contre les menaces hypersoniques.
Que sont les missiles hypersoniques?
Trois catégories de systèmes qui diffèrent considérablement en termes d'altitude, de vitesse et de portée…
Lorsque des menaces approchent à des vitesses de Mach 5 et plus, le temps est crucial.
Plus tôt les senseurs/capteurs peuvent détecter le danger en approche, mieux c'est !
La portée à laquelle nous voulons détecter de telles menaces est déterminée par trois facteurs :
1. Portée d'interception – une plus grande portée d'interception permet de protéger une plus grande zone ;
2. Vitesse de la menace – plus celle-ci est rapide, plus tôt nous devons lancer notre intercepteur pour atteindre la portée d'interception requise ;
3. Temps de prise de décision – plus le temps nécessaire pour prendre une décision est long, plus la portée de détection initiale doit être grande pour atteindre la portée d'interception requise.
Avec ces considérations, on aboutit à des exigences de portée du même ordre de grandeur que pour les missiles balistiques, mais comme ces menaces volent plus bas, il y aura plus de limitations d'horizon.
Il n'est donc pas surprenant qu’une capacité d'alerte avancée (au plus tôt) et infaillible soit une première composante essentielle pour tout bouclier de protection contre les menaces hypersoniques.
De nombreuses solutions d'alerte avancée, incluant les capacités spatiales, stratosphériques ou basées au sol, sont actuellement en développement.
Alerte avancée basée dans l'espace et la stratosphère :
La défense la plus efficace contre les menaces hypersoniques consiste à disposer de capteurs positionnés dans l'espace, dans la stratosphère ou même au sol, pouvant fournir l’alerte avancée et le suivi persistant, si vitaux face à cette menace.
Ce type de capacité devrait toujours faire partie intégrante d'une architecture de Défense Anti-missiles plus large. Elle devrait, par exemple, être interopérable avec l’OTAN, l'UE et/ou d'autres réseaux ou coalitions alliés.
Les missions clés des capteurs spatiaux ou stratosphériques seraient de :
• Observer en temps réel les lancements spatiaux et effectuer la surveillance de l'espace.
• Fournir des renseignements sur les essais de tirs de Missiles Balistiques, hypersoniques, et Anti-Satellites, les vols d'essai et, lorsque c'est possible, la technologie d'ogives associée développée par les adversaires potentiels.
Les capteurs installés sur des satellites dans l'espace et/ou sur des véhicules aériens stratosphériques peuvent détecter les lancements de missiles vers l'espace, y compris les missiles hypersoniques lancés depuis le sol, la mer ou l'air, de tout secteur géographique donné dans le champ de vision des capteurs. Cela inclut :
• Les missiles balistiques…
• Les véhicules planeurs hypersoniques …
• Les missiles de croisière hypersoniques…
• Couvrant les différents types de portées de missiles, trajectoires, pour des tirs uniques ainsi que des salves de missiles.
Les capacités fournies incluraient la détection de lancement de missile en temps réel, avec un faible taux de fausses alarmes. De plus, ces capteurs pourraient aider à caractériser et identifier un missile détecté, son lanceur (et l'origine du lancement), de nouveaux objets spatiaux et leurs manœuvres.
Les trajectoires des lancements détectés seraient mesurées ou calculées depuis le lancement jusqu'à la phase balistique. Se basant uniquement sur la balistique, il n'est plus possible de prédire de manière fiable les points d'impact des missiles hypersoniques, une fois qu'ils commencent à manœuvrer. Cependant, les capteurs observant depuis l'espace ou les altitudes stratosphériques, combinés avec ceux basés au sol, peuvent fournir un suivi persistant pendant les phases pertinentes de la trajectoire de la menace. En utilisant ces données, des prédictions du point d’impact de la menace peuvent être faites, mises à jour en continu prenant en compte ses manœuvres, son énergie restante et d'autres facteurs.
Opérant dans le cadre d'un réseau défensif plus large, les menaces détectées seraient transférées à différents capteurs d'alerte avancée (y compris ceux basés au sol, voir ci-dessous) à travers des structures C2 nationales ou d'alliance.
Pendant ce temps, les capteurs spatiaux ou stratosphériques continueraient de contribuer à la mission de Défense contre les menaces hypersoniques.
Thales contribue au développement de capacités d'alerte précoce avancée basées dans l'espace dans un contexte multinational. Pour le déploiement stratosphérique de capteurs d'alerte avancée, Thales propose son concept de dirigeable stratosphérique ‘Stratobus’. Celui-ci pourrait par exemple être équipé d'un ensemble de capteurs électro-optiques haute résolution dérivé du système de capteurs optroniques* éprouvés sur l'avion de chasse Rafale de Dassault .(*Optronique Secteur Frontal / OSF)
Alerte avancée en surface :
Pour obtenir des résultats optimaux, toute architecture de défense contre les menaces hypersoniques devrait également comprendre de multiples capteurs d'alerte avancée en surface. Ceux-ci peuvent être de types et d'origines différents, qu'ils soient américains, européens ou autres, pour autant qu'ils soient intégrés dans le réseau Command & Control (C2) global.
En général, les radars d'alerte avancée basés en surface sont conçus pour détecter et suivre à (très) longue distance les menaces actuelles et émergentes dans les domaines de la défense aérienne et antimissile intégrée et de l'espace.
Les technologies radar avancées, telles que les réseaux AESA (Active Electronically Scanned Array) multi-missions à commande entièrement numérique, alimentés au nitrure de gallium (GaN), la technologie de réception multifaisceaux à deux axes et les formes d'onde innovantes, offrent une précision incroyable, une suppression du fouillis et une longue portée, jusqu'à 1 200 km et au-delà. Ces performances ont été testées et prouvées lors d'essais de défense contre les missiles balistiques en étroite collaboration avec la marine américaine. Des portées plus longues peuvent être obtenues avec des radars « Over-The-Horizon », bien que ces technologies soient moins matures.
Dans un avenir proche, les radars d'alerte avancée basés en surface fourniront une capacité d'alerte avancée à 360 degrés contre les missiles balistiques et hypersoniques, tout en assurant simultanément la surveillance et le suivi des cibles aériennes conventionnelles telles que les aéronefs, les missiles ou les drones.
Cela permet, par exemple, à un radar terrestre protégeant un actif critique tel qu'un centre de commandement ou une grande ville, ou à un navire de guerre de surface protégeant un porte-avions, d'assurer simultanément la défense aérienne et antimissile de la zone locale et de fournir une alerte rapide contre des cibles volant à haute altitude à vitesse hypersonique et manœuvrant en 3D. Ces dernières peuvent être des véhicules planeurs hypersoniques (HGV), des missiles de croisière hypersoniques (HCM) ou des véhicules de rentrée manœuvrables déployés par des missiles balistiques antinavires (ASBM).
Du point de vue de Thales, les radars de surface sont proposés en plusieurs tailles et conçus pour fonctionner dans différentes bandes de fréquences (bande S, L ou UHF), chacun présentant ses propres avantages, notamment ceux mentionnés ci-dessus.
Plusieurs pays de l'OTAN ont déjà commandé le radar SMART-L Multi Mission (MM), qui peut être basé à terre ou en mer. Le radar de détection longue portée déployable en bande UHF et la famille de radars UHF Ground Alerter sont en cours de développement.