Les régiments de l’Armée de Terre se voient progressivement dotés de nouveaux systèmes d’armes de l’ère du combat collaboratif aéroterrestre. Dans ce contexte, l’Armée de Terre doit intensifier l’entrainement des soldats pour disposer d’une armée prête au combat de haute intensité et à un engagement majeur. Découverte du programme CERBERE qui répond à ce besoin, en compagnie de Laurent Barraco, VP France de l’activité Entraînement & Simulation de Thales, et du chef de bataillon Jacques, officier de programme CERBERE.

Quel est l’objectif affiché par l’Armée de Terre ?

Laurent Barraco : Son objectif est de disposer d’un système permettant d’entraîner et contrôler les sous-groupements interarmes avec toutes leurs capacités opérationnelles, en particulier celles issues du programme Scorpion, particulièrement le Griffon, Jaguar et Leclerc rénové avec leurs différentes munitions, le système d’information SICS, et le poste radio Contact.

Quelle est la réponse proposée ?

Laurent Barraco : Avec le programme CERBERE (Centres d’Entraînement Représentatifs des espaces de Bataille Et de Restitution des Engagements), Thales et Ruag Defence France apportent une nouvelle dimension à l’entrainement, avec un système de simulation instrumentée qui permet de préparer les différentes unités interarmes aux engagements de haute et basse intensité, mettant en œuvre toutes leurs capacités opérationnelles dans des conditions variées, très proches du réel.

CERBERE est un outil d’entraînement de nouvelle génération, qui simule, suit et analyse de façon réaliste les engagements des forces dans des environnements urbains ou ouverts en mettant en œuvre des dispositifs d’animation visuelle et sonore ainsi que des systèmes lasers installés sur les armes, permettant de restituer l’environnement de combat avec un réalisme maximal. Il permet également une analyse après action détaillée, qui exploite les vidéos des combats, les enregistrements des échanges en phonie et data, et les attritions générées par les simulateurs de tir de combat grâce aux systèmes d’information et de géolocalisation des combattants.

Quelles sont les autres innovations propres à CERBERE ?

Laurent Barraco : Le système assure un suivi fin géolocalisé en temps réel de chacun des combattants et des évènements du théâtre d’opération y compris à l’intérieur des bâtiments. Depuis le centre des opérations ou, au plus près de l’action, depuis leur tablette tactile, les instructeurs disposent d’outils pour analyser les manœuvres et affrontements, ceux-ci pouvant durer jusqu’à 96 heures. Les capacités des centres d’entrainement se trouvent renforcées par des outils d’analyse après action très puissants.

Comment CERBERE se traduit-il sur le terrain ?

Laurent Barraco : La première capacité opérationnelle du système d’entrainement CERBERE, déjà déployée au centre d’entrainement au combat en zone urbaine de Sissonne (CENZUB), permet des exercices de 500 fantassins et leurs 80 véhicules sur un terrain de 120 km², soit la représentation d’une ville de 3 000 habitants. D’ici 2023, les capacités supplémentaires livrées par Thales et RUAG Defence France au CENZUB, puis au CENTAC (centre d'entraînement de Mailly-le-Camp) permettront d’accueillir simultanément 1 000 fantassins et 250 véhicules sur chacun des centres, contribuant à faire changer d’échelle le dispositif d’entraînement de l’armée de Terre.

Quel est le point de vue des principaux intéressés, les utilisateurs ?

Chef de bataillon Jacques : En période de préparation opérationnelle, les sous-groupements interarmes des forces terrestres ont besoin de s’entraîner dans un environnement réaliste, au plus près des conditions du combat. Ils ont également besoin d’être contrôlés et conseillés par des experts de la tactique pour pouvoir progresser. CERBERE est véritablement l’outil qui répond à ces deux exigences.

Qu’appréciez-vous en particulier ?

Chef de bataillon Jacques : J’ai particulièrement apprécié les équipements de suivi précis de la manœuvre qui permettent aux conseillers tactiques d’analyser à chaud les actions menées sur le terrain, et de produire une analyse après action d’une grande qualité, c’est essentiel pour amener les sous-groupements à un niveau opérationnel optimal. Enfin, je tiens à souligner la conjugaison de la technologie CERBERE avec l’expertise tactique des centres d’entraînement qui est pour moi un facteur essentiel du durcissement de l’entraînement des forces à l’ère Scorpion.