Nathy Party, une ingénieure de Thales engagée pour l'écologie
Nathy Party, 27 ans, est ingénieure en développement logiciel chez Thales. Comme de nombreux jeunes professionnels de sa génération, elle aspire à donner un sens à son métier. Alors en toute modestie mais avec détermination, elle s'engage pour accélérer la transition écologique de son entreprise.
Nathy découvre Thales en 2016 à l’occasion de son stage de deuxième année d’école d’ingénieur. Elle part ensuite 9 mois à Abu Dhabi effectuer un volontariat international (VIE) pour l’armée de l’air.
Cette ville de la démesure avec ses immenses centre-commerciaux et ses interminables gratte-ciels est un dépaysement pour l’expatriée qui a grandit à la campagne entre Poitiers et Limoges : « C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de mon intérêt pour l’écologie et que je me suis dit que je voulais faire quelque chose ».
À son retour en France, elle réintègre Thales et occupe différents postes, en produits radios d’abord puis en développement logiciel. Sa sensibilité écologique continue de grandir. La jeune femme veut changer les choses, depuis l’intérieur, au sein même de l’entreprise. Mais par où commencer ?
Nathy participe au Green Engineer Challenge de Thales. Comme les autres salariés participants, elle a deux mois pour proposer un projet dans le domaine de l’éco conception. Après un vote, le projet sélectionné sera déployé en interne.
Elle planche sur des matériaux qui génèrent de l’énergie quand on leur applique une contrainte mécanique. Comment les utiliser et avec quelle performance ? Son projet n’est pas retenu mais l’expérience est largement positive pour la jeune femme qui rencontre des acteurs de l’éco conception.
Parallèlement, elle se forme à l’écologie avec le « Parcours d’avenir fertile » de l’association Fertîles. Elle y fait la connaissance d’ingénieurs qui partagent ses aspirations : des « infiltrés » qui souhaitent agir au sein des entreprises et d’autres qui ont choisi de « bifurquer », c’est-à-dire de changer complètement de voie professionnelle. « On se voit le week-end pour partager nos idées. On se soutient aussi les uns les autres car il est important de ne pas se sentir seul face à de tels sujets », explique Nathy.
L’aventure du « Grand Défi »
Début 2022, Nathy entend parler du « Grand défi des entreprises pour la planète ». Cet événement réunit des salariés, dirigeants et actionnaires d’une centaine de grandes entreprises et de PME françaises volontaires. Objectif : se former et élaborer ensemble 100 propositions pour une transition écologique de l'économie.
Toujours en quête de nouveaux projets, Nathy veut y représenter Thales. Pour y parvenir, elle obtient le feu vert de sa direction et est sélectionnée en tant que déléguée pour le Grand Défi !
A partir de là, deux défis l’attendent, le premier : partager et faire participer les salariés Thales à cette aventure ! Pour cela elle s’appuie sur le Thales Transition Network, un collectif de 120 salariés engagés dans la réflexion sur la transition écologique : « Nous avons défini ensemble quelles propositions je pouvais porter au sein du Grand Défi mais aussi en interne. Leur engagement sur ces sujets m’a donné la motivation d’aller plus loin », confie la jeune femme.
Le deuxième défi: participer aux 6 sessions de 2 jours pour monter en compétence avec des experts et définir avec les 100 autres délégués des propositions à la fois ambitieuses et réalistes. Au menu : enjeux environnementaux, climat, biodiversité, finances, triple comptabilité, business model des entreprises, renoncement...
Début février 2023, tous les participants se retrouvent au Conseil Économique Social et Environnement à Paris (Cese) pour présenter leurs 100 propositions à des représentants du monde économique et d’institutions publiques (Assemblée Nationale, ministères, organismes territoriaux…). « Ça a été 8 mois très intense et très enrichissant » ajoute la jeune ingénieure.
Chez Thales, Nathy soumet à sa direction une dizaine de propositions. Elles couvrent un large spectre : certaines, très stratégiques, redéfinissent la gouvernance ou la raison d’être du Groupe à l’aune des enjeux écologiques.
D’autres, très concrètes, proposent des solutions pour organiser des salons éco responsables, préserver le climat et la biodiversité sur les sites industriels, renforcer l’éco-conception des services numériques… « Ces propositions ont été bien accueillies par la direction et une discussion est en cours afin de déterminer leur applicabilité au sein de la stratégie RSE du Groupe », s’enthousiasme Nathy.
Porter le message auprès des collègues
Depuis, la jeune femme partage son expertise avec les équipes de management de son entreprise :
- Au niveau du comité exécutif (comex) Six Thales, elle a co-animé « la fresque du climat », un atelier de 3 heures pour sensibiliser aux enjeux climatiques ;
- Au sein de son département, la Business Line (BL) Systèmes de Protection (PRS), elle effectue des présentations d’une heure et demie sur le climat, la biodiversité et l’impact du numérique avec notamment l’empreinte écologique de l’extraction des métaux.
Selon la jeune ingénieure, Thales peut accélérer sa transition écologique en agissant en priorité sur les produits « qui représentent 98% de nos émissions polluantes ». En ce sens, elle challenge les managers sur la formation des salariés à l’éco conception, le choix de projets soutenables et le moyen de trouver un équilibre entre exigences environnementales et financières.
La transition écologique, Nathy en parle aussi avec ses collègues ingénieurs. Le sujet provoque parfois des réticences que la jeune femme comprend bien : « Le sujet peut faire peur. Dans les médias, on ne parle pas assez des aspects positifs de la transition écologique: partager, coopérer, travailler ensemble, apprendre de nouvelles méthodes, comprendre ce qui nous entoure… ».
Biodiversité, climat, pollution… Tous ces sujets sont interdépendants. Alors comment s’y prendre ? « On n’a pas été formé à cela en école d’ingénieur. C’est un problème systémique qui touche à nos habitudes. La prise de conscience est progressive, chacun doit y aller à son rythme. »
La jeune femme admet avoir encore des progrès à faire sur le sujet mais elle s’y attelle : « j’aime voyager, et me passer de l’avion n’est pas facile. En novembre, je suis allée en Suède en optant pour le train. Il a fallu que je m’organise différemment mais c’était enrichissant. J’en parle avec mes collègues pour montrer que c’est possible. »
Son prochain défi sera autant écologique que sportif : Nathy compte rejoindre Amsterdam à vélo depuis Paris ! Elle n’oubliera pas de partager « les bons moments mais aussi peut-être quelques galères. Ce sera un peu l’aventure ». Elle espère donner envie, peut-être inspirer et aussi passer un message : « Une personne ne peut pas changer les choses seule. Mais si chacun participe, ça devient possible ».