La connectivité des hommes, clé d’une sécurité accrue
Le paradigme stratégique dans lequel nous évoluons depuis à présent une quinzaine d’années se caractérise, notamment, par trois tendances de fond, qui vont s’accentuant, toutes susceptibles d’entraîner une grave déstabilisation, tant au niveau de certains Etats qu’à l’échelle régionale ou globale.
La première, dont les attentats du 11 septembre 2001 sont emblématiques, est celle du terrorisme de masse. Attentats-suicides, voitures piégées, assauts à l’arme automatique contre des lieux recevant un public nombreux (centres commerciaux, gares…), sont devenus le lot dramatique de nombreux Etats, tant au Proche et Moyen-Orient qu’en Europe et en Amérique.
La seconde, plus récente, est directement corrélée à la première. Il s’agit de l’afflux massif de migrants illégaux aux frontières, fuyant les Etats fragilisés par ces actes de terrorisme ou par leur fréquent prolongement, les guerres civiles. Cet exode, de plus en plus puissant, de populations, est susceptible de bouleverser les équilibres régionaux, provoquant de nouveaux désordres, initiant un terrible cercle vicieux.
La troisième, commune aux deux précédentes, est le « théâtre d’opérations » sur lequel se déroulent ces évènements tragiques : les frontières en premier lieu, les centres urbains ensuite. Ceux-ci sont l’objectif aussi bien des terroristes que des réfugiés. Les premiers espèrent y semer le chaos, les seconds y reconstruire une nouvelle vie. Or à l’horizon 2050 les deux-tiers de la population mondiale vivront en ville, dans des agglomérations de plus en plus peuplées, de plus en plus vastes, de plus en plus complexes. Le maintien de la sécurité et de l’ordre dans ces zones urbaines est donc une priorité pour tous les Etats. Dans ce cadre la mise en place de nouveaux outils s’impose pour relever les défis futurs.
Un policier connecté pour une smart city sûre
Maillon central du dispositif de sécurité, le policier ou le gendarme sera le principal récipiendaire de ces solutions nouvelles, qui viseront une connectivité accrue des forces de l’ordre. Car si ces dernières semblent déjà s’intégrer au sein d’un réseau de moyens divers (radios, terminaux informatiques…) performant, elles n’en sont encore qu’aux prémices de ce que peut permettre de réaliser une véritable connexion de l’ensemble des moyens permettant de maintenir la sécurité. Pour l’heure l’immense majorité des polices opèrent encore sur des systèmes de communication fonctionnant sur des standards TETRA (TErrestrial Trunk Radio), qui permettent essentiellement de transmettre voix et textes. Elles n’ont pas encore accès à des liaisons de haut débit. Or le policier connecté de demain aura besoin d’un tel atout pour échanger vidéos, photos. C’est l’objectif de Thales.
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Le groupe a déjà démontré les grands avantages offerts par la mise à disposition d’un dispositif vidéo couvrant l’ensemble d’une agglomération. Dans le cadre du projet Ciudad Segura, Thales a déployé 14 000 caméras de vidéosurveillance à Mexico. Depuis la mise en place de ces outils, le temps nécessaire pour l’intervention des secours dans le cadre, par exemple, du malaise d’une personne, a été divisé par 6, de 12 minutes à 2 minutes. Un gain de temps précieux lorsqu’il s’agit de sauver une ou des vies. Mais ce n’est qu’un début. Le système de connectivité qui permettra au policier d’être un véritable policier connecté reste encore à déployer. Le plus vaste chantier est déjà réalisé puisque la plupart des grandes villes sont déjà équipées de réseau de communication à haut débit : Avec plus d’1,3 milliard d’utilisateurs de la 4G dans le monde, chiffre en croissance exponentielle, mais aussi l’interconnexion des objets via internet (web 3.0), un maillage extrêmement dense de canaux de communication performants existe. Encore faut-il, toutefois, que les forces de police puissent s’y connecter à volonté, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Car les réseaux civils ne sont pas conçus pour un usage de type critique. En cas d’attentat, ou d’accident majeur, les forces et les secours déployés sur place seraient aujourd’hui confrontés à un réseau vraisemblablement saturé d’appels s’ils tentaient de l’utiliser. Il faut donc créer des fonctionnalités leur permettant de pratiquer une préemption du réseau. C’est ce que propose Thales via le LTE, norme de type 4G qui permettra de connecter les policiers et les secours, quoi qu’il advienne, au réseau local afin d’en utiliser toutes les potentialités.
A l’image, dans une certaine mesure, de ce qui se pratique aujourd’hui au sein des forces armées les plus modernes, dont les hommes et les matériels opèrent en étroite interconnexion au sein d’un champ de bataille numérique, les forces de l’ordre pourront, grâce à ce dispositif, travailler en synergie et en temps réel. Ils pourront faire des appels de groupe, s’interconnecter avec leur centre de commandement, transmettre en direct photos et vidéo via de nouvelles fonctionnalités applicatives. Les bénéfices opérationnels autorisés seront immenses.
L’usage du LTE permettra à toutes les organisations équipées (police, pompiers, secours, centres hospitaliers…) d’échanger en direct sur un réseau commun, dans un cadre mulltilatéral permettant une appréhension optimisée de la situation de crise. Le partage de l’information sera bien plus performant via la transmission en temps réel d’images. Celles-ci, se substituant à un échange vocal ou de texte entre les hommes déployés sur le terrain et les centres de commandement, permettront aux décideurs d’avoir une vision en temps réel des évènements. Cela permettra de réduire très sensiblement ce que l’on appelle, dans un cadre militaire, la boucle OODA[1].
Autorisant les forces de l’ordre à transmettre en direct, via des caméras portatives, ce qu’elles voient, la discrétion des hommes déployés sera également renforcée, ceux-ci n’ayant plus besoin d’avoir recours à leurs radios vocales pour effectuer leur compte-rendu. L’usage de ces caméras portatives, transmettant en direct les faits se produisant sur zone, permet aussi la collecte et la validation juridique de preuves, les prises de vues étant authentifiées via la localisation et l’heure de leur réalisation.
Le LTE autorisera par ailleurs une efficacité accrue dans le cadre de certaines missions traditionnelles, telles le contrôle d’individus ou de véhicules. Si le policier peut se connecter aux infrastructures de la ville (caméras de vidéosurveillance…), à des bases de données lui permettant de recueillir de l’information à distance pour valider, par exemple, l’identification d’un suspect, la procédure sera sensiblement accélérée et les risques d’erreur bien plus réduits. Si l’on connecte les forces de l’ordre à tous les réseaux constitutifs de la Smart City, on parviendra donc à sécuriser bien davantage cette dernière, personnes et infrastructures, tout en renforçant simultanément les conditions de sécurité dans lesquelles évoluent les policiers.
Le LTE, une norme au service d’une gamme complémentaire d’outils
Ceux-ci devront bien entendu mettre en œuvre toute une gamme d’outils reliés au LTE afin de mener à bien les missions que le haut débit autorise. Porteur d’un casque équipé d’une caméra apte à réaliser de l’imagerie de jour comme de nuit, le policier connecté sera aussi équipé de lunettes à réalité augmentée. Celles-ci lui permettront de visualiser les images recueillies par sa caméra thermique via un smartphone centralisant et dispatchant toutes les fonctionnalités autorisées via le LTE. Le policier pourra également être équipé d’une montre intelligente, sur laquelle s’affichera la géolocalisation de ses collègues, ou d’autres informations sans qu’il ait besoin de consulter son smartphone, gardant ainsi ses deux mains libres pour l’exercice de sa mission. Equipé de senseurs surveillant ses fonctions physiologiques (rythme cardiaque, position du corps : à terre ou debout, niveau de stress…) le policier pourra donc travailler en relation directe avec son centre de commandement et ses collègues en temps réel, dans des conditions de sécurité accrues.
Les données transmises par cet équipement, très modulaire, seront placées en corrélation avec celles transmises par les autres policiers, les informations offertes par le réseau de surveillance de la ville, les renseignements contenus dans les bases de données. Après calcul à distance dans les data centers, seules les informations les plus pertinentes seront extraites, afin de ne transmettre que les éléments les plus indispensables aux hommes de terrain comme aux décideurs, cette analyse rapide des éléments permettant une prise de décision au plus juste dans des délais restreints.
Bien entendu, toutes ces données devront faire l’objet d’une cybersécurisation robuste. Les images transmise depuis le terrain par un policier ne doivent pas pouvoir être interceptées, ni modifiées, de même que les informations transmises depuis son centre de commandement, ou les bases de données consultées. La mise en place de firewalls, la neutralisation à distance de la montre intelligente ou du smartphone, si ceux-ci devaient être volés, est donc prévue afin de mettre à disposition une 4G à la fois résiliente et cybersécurisée. Thales, dont la cybersécurité est l’un des cœurs de métier, remplira également ce besoin opérationnel.
Dispositif essentiel pour la sécurisation de la Smart city, la LTE peut offrir par ailleurs les mêmes avantages en dehors des zones urbaines. Le système peut être opérationnel dans des régions reculées, via un apport de connectivité ad hoc dans les zones où celle-ci est absente ou limitée. Utilisant soit les infrastructures des réseaux déjà déployés par les opérateurs de téléphonie mobile, sur lesquelles peuvent se greffer des dispositifs permettant de sécuriser la liaison, soit des bulles de communication 4G, éventuellement connectées au réseau via liaison satellite. De la sorte des opérations telles du contrôle aux frontières peuvent bénéficier des mêmes atouts en matière de renseignement, de vérification de l’information, de coopération en temps réel et en synergie entre le commandement et le terrain. Au cœur d’une cité high-tech ou d’une aire désertique, la connectivité des hommes est la clé d’une sécurité accrue. Le LTE en est l’instrument.
Philippe Migault