Thales, avec vents et marées
Au Royaume-Uni, Thales est au cœur d’un projet original et ambitieux alliant robotique, autonomie, intelligence artificielle au service de la transition énergétique.
Conduit par le centre Catapult dédié à l’énergie éolienne, houlomotrice et marémotrice, ce projet prévoit d’assurer la maintenance des fermes éoliennes installées en pleine mer, d’abord par des équipes mixtes d’hommes et de robots d’ici dix ans, puis uniquement par des robots en 2050. Un projet qui devrait aider le Royaume-Uni à atteindre son objectif de neutralité carbone à cette date.
La phase de faisabilité vient de s’achever avec succès. D’une durée de deux ans et d’un montant de 4 millions de livres, cette phase, financée par Innovate UK, a permis à l’équipe de scientifiques et d’ingénieurs de valider les technologies au cœur de ce projet au scénario futuriste, presque digne d’un James Bond.
Dans les premiers plans, apparaît un petit bâtiment autonome baptisé Halcyon, conçu par Thales à l’origine pour la lutte antimines. Une caméra embarquée inspecte les pales des éoliennes et en scanne la structure alors même qu’elles tournent à une vitesse pouvant dépasser les 300 km/h.
Scène deux : dès que la caméra détecte une quelconque défectuosité (fissure, trace d’érosion préoccupante ou impact d’éclair), Halcyon transmet un signal commandant aux pales de l’éolienne concernée de s’arrêter.
Scène trois : Halcyon envoie un drone transportant lui-même un robot qui, à l’instar d’un insecte sur une fleur gigantesque, va effectuer les réparations.
Ce scénario, outre le fait qu’il permet d’éviter d’avoir à envoyer des hommes sur ces éoliennes installées en pleine mer dans des conditions souvent périlleuses, réduirait de 10 % le coût de l’énergie produite, selon le centre Catapult, notamment en diminuant les dépenses de fonctionnement de près de 30 %.
Quand Mars inspire Neptune
Le système d’inspection des pales en mouvement a été développé par Thales à partir d’une technologie optronique de pointe, déjà utilisée sur les sous-marins, les chars et les véhicules blindés, couplée avec de l’intelligence artificielle.
« Grâce à notre expérience en matière de dispositifs de stabilisation dans des environnements difficiles, précise Barry Connor, responsable innovation et technologie pour l’activité optronique outre-Manche, notre système peut compenser le mouvement de la houle et capturer des images stables à 100 mètres de distance. »
Fait intéressant, ce projet à vocation maritime a, en fait, été inspiré par l’exploration spatiale, archétype de l’environnement extrême. C’est en effet le professeur Sara Bernardini du collège Royal Holloway (université de Londres) et ancienne collaboratrice de la Nasa qui a développé le système d’intelligence artificielle permettant de contrôler ces robots autonomes, de les faire travailler de concert et de communiquer avec les humains.
« L’espace offre un bon exemple de collaboration entre humains et robots, souligne le professeur Bernardini. L’actuel programme d’exploration de Mars utilise des robots – hélicoptère, rover – qui endurent des conditions extrêmes, pilotés depuis le centre de contrôle sur la Terre. L’offshore de demain, c’est exactement la même chose : des humains dans la salle de contrôle à terre, gérant et travaillant avec des robots. »
Paul Gosling, directeur technique de Thales au Royaume-Uni, partage entièrement ce point de vue : « Les technologies autour de la robotique, des capteurs autonomes et de l’intelligence artificielle fournissent de plus en plus de solutions qui seront déployées dans des environnements sévères par des systèmes autonomes. Ce projet est un parfait exemple de ce que peuvent apporter des experts travaillant ensemble sur ces technologies au bénéfice de la société et de l’environnement. Et je suis très heureux que Thales en fasse partie. »
1Les centres Catapult sont des organisations créées à partir de 2011 par l’agence d’innovation Innovate UK, organisme public non-gouvernemental, pour promouvoir la R & D grâce à une collaboration conduite par les entreprises entre scientifiques et ingénieurs afin d’exploiter les opportunités du marché.
2Outre Thales, l’équipe du projet comprend Plant Integrity, Wootzano, les universités de Bristol et de Manchester ainsi que le Royal College of Art.