Le module ESPRIT, destiné à la station spatiale cislunaire Gateway, fait peau neuve dans une version améliorée

Thales Alenia Space et l’ESA signent un avenant au contrat pour l’extension et l’optimisation du module ESPRIT 

Milan, le 14 octobre 2024 – Thales Alenia Space, société conjointe entre Thales (67%) et Leonardo (33%), a signé avec l’Agence Spatiale Européenne (ESA) un avenant au contrat portant sur le développement du module de communication et de ravitaillement ESPRIT[1] destiné à la future station spatiale cislunaire Gateway. Cet avenant, d’un montant de 164 millions d’euros, prévoit une extension ainsi qu’une optimisation du module ESPRIT dont Thales Alenia Space en France est le maître d’œuvre, en collaboration avec OHB, aux côtés de Thales Alenia Space en Italie et au Royaume-Uni.

ESPRIT module on the Gateway ©Thales Alenia Space

Le module ESPRIT se compose de deux principaux éléments : le premier, nommé Lunar Link[1], assurera les communications entre la station spatiale et la Lune. Le second élément, Lunar View[2], alimentera la station en xénon et en ergols chimiques pour prolonger sa durée de vie. Ce dernier est doté d’un volume pressurisé, équipé de six larges fenêtres offrant une vue à 360° sur l’extérieur de la station et la Lune, et comprend un espace logistique pour le stockage de fret et de ravitaillement destinés à l’équipage.

L’avenant au contrat ESPRIT prévoit une augmentation significative de la taille de l’élément Lunar View qui affichera désormais un diamètre de 4,6 mètres pour une longueur de 6,4 mètres et une masse totale de 10 tonnes (contre 3,4 mètres, 3 mètres et 6 tonnes initialement). Cette évolution résulte du choix de la NASA de lancer Lunar View aux côtés d’un véhicule habité Orion à bord du lanceur SLS Block 1B, d’une capacité supérieure au lanceur précédemment envisagé.

L’extension de Lunar View permettra en particulier :

• De disposer d’une plus grande capacité de stockage (6.5 m³) en orbite et d’embarquer jusqu’à 1,5 tonne de cargo au moment du lancement, réduisant ainsi le nombre de vols logistiques nécessaires au ravitaillement de la station cislunaire ;

• D’aménager deux supports permettant d’accueillir le bras robotique mobile Canadarm3, fourni par l'agence spatiale canadienne (CSA), afin de réaliser des opérations telles que l’inspection, la maintenance ou des réparations sur la station Gateway, l’aide aux astronautes lors de sorties extravéhiculaires, la réalisation d’expériences scientifiques en orbite lunaire, ou encore la capture de vaisseaux spatiaux souhaitant s’arrimer à la Gateway ;

• D’aménager les équipements de la suite avionique (calculateur, etc) à l’intérieur du module, afin d’en faciliter les opérations de maintenance, évitant les sorties extravéhiculaires pour effectuer d’éventuelles réparations.

Ces évolutions nécessiteront l'adaptation de tous les sous-systèmes de Lunar View : l'alimentation électrique, l'avionique, les logiciels et les équipements d'interface avec l'équipage en particulier.

Le lancement de Lunar Link est prévu en 2026 avec le module HALO, tandis que la livraison de Lunar View est prévue en 2029 pour un lancement l’année suivante, lors de la mission Artemis V.

« Je tiens à remercier l’Agence Spatiale européenne pour son support à l’industrie et sa confiance renouvelée dans l’expertise de Thales Alenia Space. Fruit de la parfaite complémentarité de nos compétences en Italie et en France, nous sommes fiers de mettre notre savoir-faire au service du programme Artemis et de la station spatiale Gateway qui permettront de repousser les frontières de l’exploration lunaire et d’anticiper les futures missions d’exploration habitée à destination de l'espace lointain, avec Mars en ligne de mire » a déclaré Hervé Derrey, Président-Directeur général de Thales Alenia Space.

Ce contrat renforce le rôle central de Thales Alenia Space dans le domaine de l’exploration habitée et robotisée de la Lune et de l’espace lointain. L’entreprise fournit les systèmes critiques pour le module de service européen de la capsule Orion et développe actuellement deux autres modules pressurisés de la station spatiale Gateway : l’Habitat International Lunar I-HAB pour l’ESA et le module d’habitation et de logistique HALO (Habitation and Logistics Outpost) pour Northrop Grumman. Thales Alenia Space a par ailleurs signé un contrat majeur avec l’Agence spatiale italienne (ASI) afin de lancer le projet MPH (Multi-Purpose Habitat), le tout premier module d’habitat polyvalent permanent sur la Lune.

A propos des contributions industrielles au module ESPRIT

Thales Alenia Space en France est maître d’œuvre du programme. Thales Alenia Space en Italie fournit le tunnel pressurisé et les fenêtres, Thales Alenia Space au Royaume Unis contribue au système de ravitaillement chimique tandis qu’OHB (en tant que membre de l’équipe principale) sera en charge des sous-systèmes mécaniques et thermiques des parties non pressurisées et du système de ravitaillement en xenon. Sélectionné à l’issue d’une compétition ouverte, Thales Alenia Space en Belgique fournit les unités d’interface électrique de Lunar Link (Remote Interface & Distribution Unit) et des équipements destinés à amplifier les fréquences radio (Traveling Wave Tube Amplifiers). Thales Alenia Space en Espagne développera le transpondeur de communication en bande S et Thales Alenia Space en Italie le transpondeur en bande K.

Une station spatiale cislunaire

La station spatiale Gateway est l’un des piliers du programme Artemis de la NASA, destiné à établir une présence durable sur le sol sélène et une base de départ pour les futures missions d’exploration interplanétaire. Ce projet est mené dans le cadre d’une coopération internationale entre la NASA (Etats Unis), l'ESA (Europe), la JAXA (Japon) et la CSA (Canada). Assemblée pièce par pièce de manière automatique, cette station d’environ 40 tonnes évoluera sur une orbite elliptique autour de la Lune. Elle sera équipée d’un bras robotique et de ports d’amarrage, et composée de modules dédiés à l’habitation longue durée des équipages, à l’alimentation en énergie, la propulsion, la logistique et les communications. Elle n’a pas vocation à être occupée en permanence, mais pourra accueillir jusqu’à 4 astronautes à la fois pendant un à trois mois. Acquérir de nouvelles expériences sur et autour de la Lune préparera la NASA à envoyer les premiers humains sur Mars dans les années à venir, et la station spatiale lunaire jouera un rôle essentiel dans ce processus.