Une physicienne au service de la Station Spatiale Internationale !
La sagesse de ces paroles fait référence à la place qu’occupait jadis la Femme dans le domaine des sciences. Les sciences et technologies offrent de formidables perspectives de carrière. Mais les lycéennes, étudiantes, attirées par les filières scientifiques évoluent pour la plupart dans un environnement de scientifiques ou d’ingénieurs majoritairement masculin. Or, il suffit souvent d’une rencontre avec une femme scientifique ou d’un exemple marquant (Sandra Bullock dans Gravity) pour créer l’étincelle qui fera basculer l’intérêt d’une jeune femme pour les sciences, les technologies, l’ingénierie, les mathématiques… En d’autres termes, une filière avec un réel avenir. Nous avons rencontré la physicienne Annamaria Piras, Responsable Support et Opérations de mission au sein de Thales Alenia Space Italie et Responsable Programme pour les modules Node 2, Node 3 et Cupola de la Station Spatiale Internationale. Découverte d’une carrière « en apesanteur » !
En quelques mots, comment décririez-vous votre activité ?
Peut-on un jour imaginer avoir la chance de travailler sur des modules clés de la Station Spatiale Internationale ? La Cupola est la partie de l’ISS où les astronautes peuvent observer la Terre depuis l’espace – c’est un peu l’appartement qui aurait la plus belle vue au monde ! Et si je vous disais qu’une bonne moitié des modules pressurisés de l’ISS ont été construits à l’endroit même où je travaille, à Turin ? C’est tout simplement fabuleux.
Aujourd’hui, je m’apprête à rejoindre l’unité des programmes de Transport Spatial et des Vols Habités, en qualité de responsable programme du module de service européen de la capsule Orion. Le vaisseau spatial Orion de la NASA est conçu pour les missions habitées au-delà de l’orbite basse, avec comme destinations possibles la Lune, les astéroïdes et l’espace lointain.
Pourquoi avez-vous choisi la physique ?
J’ai toujours adoré les sciences et la physique en particulier. Au départ, mon objectif était de faire de la recherche en physique théorique sur des sujets comme la supergravité et la théorie des cordes. Travailler dans l’industrie spatiale me donne la possibilité de mettre en pratique mes connaissances théoriques. En plus du volet technique de mes responsabilités, je suis également chargée de la gestion d’ensemble du projet, de sa définition à son exécution. C’est une excellente source de motivation au quotidien !
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
Sans hésiter : l’environnement de travail, l’esprit d’équipe, la possibilité de voir les résultats concrets de nos efforts, la chance d’évoluer dans un environnement international.
Quels sont les challenges que vous avez dû relever au cours de votre carrière ?
J’ai été plutôt chanceuse. En quelques années, j’ai eu la possibilité de travailler de bout en bout sur des composantes essentielles de la Station Spatiale Internationale – à savoir les modules logistiques polyvalents (MPLM) –, au titre de responsable des opérations en vol, en collaboration étroite avec la NASA. Cette expérience m’a conduite ensuite à ma position managériale sur les modules Nodes de l’ISS, d’abord comme Responsable Opérations et Intégration Fonctionnelle, puis Responsable Programme pour les Opérations. L’un de nos plus gros défis à relever a été l’expansion de notre unité opérationnelle et fonctionnelle, en 2002 (nous sommes passés à 60 collaborateurs). Réussir à gérer dans le même temps l’ensemble des impératifs contractuels, financiers, calendaires et techniques, voilà un challenge de taille. Et nos efforts ont porté leurs fruits !
Qui a la plus influencé vos choix de carrière ?
C’est au lycée que tout a vraiment commencé. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs de mathématiques, de physique, de latin et de grec absolument fabuleux. Plus tard, lorsque j’ai rejoint Thales Alenia Space Italie, mes managers ont toujours cru en moi. C’est ce qui m’a donné l’envie et la force d’aller au bout de mes capacités.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui envisagent de faire carrière dans le domaine des sciences et des technologies ?
Je leur dirais combien il est important de se fixer des objectifs clairs et de ne jamais accepter d’être traitée différemment au motif qu’elles sont des femmes. Sans tomber dans les clichés, les femmes sont résolument douées pour mener à bien des tâches multiples ! Et dans un environnement de travail exigeant, cette capacité est un véritable atout. Je pense aussi qu’il est tout à fait possible pour une femme de mener de front vie de famille et carrière professionnelle. Mais pour y parvenir, vous devez mettre en place une organisation en béton ! Évidemment, vous devez toujours être professionnelle, mais cela vaut aussi pour les hommes ! Enfin, le dernier conseil que je donnerais à la génération à venir serait le suivant : « Croyez en vous. Poursuivez vos rêves et surtout donnez-vous les moyens de pouvoir les concrétiser ! »