Rencontre avec Laura Tosoratto, référent de la Transformation Numérique pour les activités Observation, Exploration et Navigation
En quoi consiste votre activité au sein de Thales Alenia Space en Italie ?

Je suis le référent de la Transformation Numérique pour les activités relatives à d'Observation de la Terre, l'Exploration Spatiale et la Navigation par satellite. Thales Alenia Space est parfaitement en ligne avec l’approche « Going Digital » dont Thales est un fer de lance à part entière. Je suis là pour définir le plan de Transformation Numérique et m'assurer de disposer de toutes les ressources nécessaires. La « Digital Transformation » n'est pas simplement un mot à la mode. Il s’agit au contraire d’une approche que toute entreprise High Tech se doit impérativement d’intégrer pour être en phase, voire même à l’avant-garde du progrès. Il s’agit d’un changement motivé par l’insertion de nouvelles technologies dans nos méthodes et processus de production : robotique, intelligence artificielle, Big Data, réalités virtuelle et augmentée, fabrication additive… La transformation numérique passe avant tout par un véritable changement au sein même de notre culture d’entreprise.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fière dans votre quotidien professionnel ?

De travailler dans le secteur spatial ! Depuis l’enfance, j’ai toujours adoré tout ce qui touchait de près ou de loin à la science et à la science-fiction. J’étais passionnée par l’Espace et l’astrophysique. Je pense avoir réalisé mes rêves d’enfants, surtout lorsque que je vois des satellites, vaisseaux spatiaux ou des ordinateurs « super-intelligents » partir à la découverte de planètes inexplorées. Il y a 3 ans, je me suis mise à développer des outils logiciel, alliant infographie et réalité virtuelle, pour supporter les activités liées à l’Assemblage, à l’Intégration et aux Tests (AIT) effectués sur nos satellites en salles blanches. Ces « software » ont permis également de mener des tests concernant des concepts opérationnels directement applicables à nos produits. Depuis, mon périmètre de responsabilités s’est élargi. Mon défi consiste à superviser le processus de digitalisation de nos activités Observation, Exploration et Navigation.
Pouvez-vous nous citer un élément marquant de votre carrière ?

J’ai intégré Thales Alenia Space en 2015. Auparavant, j’étais chercheur, pendant 10 ans, à l’Institut de Recherche en Physique Nucléaire (INFN), à Rome. Dans ce cadre-là, j'étais développeur de logiciels pour le groupe APE. Leur spécialité, c’était des superordinateurs capables d’effectuer des calculs complexes de physique théorique.
En 2006, j'ai été amenée à travailler sur le développement d'un "compilateur" pour la génération actuelle de supercalculateurs. A cette époque, le supercalculateur s'appelait apeNEXT ; il faisait la taille de 14 réfrigérateurs alignés ! (rires). Le "compilateur" est un logiciel permettant de traduire des programmes informatiques depuis un langage lisible par l'homme (le langage de programmation) vers un langage informatique (une série de bits). La programmation d'un superordinateur sans ce type de logiciel est très complexe, voire même impossible.
Après plusieurs mois de travail acharné autour de « mon » compilateur, j’ai vu apparaître un seul chiffre (zéro) sur mon écran. Eureka ! J’avais enfin réussi à le faire fonctionner ! J’étais donc en capacité de programmer le supercalculateur. Je pouvais parler avec une machine ! Même s’agissant d’un petit chiffre apparaissant sur votre écran d’ordinateur, je vous assure que la science peut vous apporter une dose insoupçonnée d’émotions !
Quelles sont les qualités requises dans votre métier ?
Factory 4.0, Italian style!

Les sites industriels italiens de Thales Alenia Space ont intégré les toutes dernières technologies dans leurs processus et moyens de production, depuis l’impression 3D à la robotique en passant par les Réalités Virtuelle et Augmentée.
L’établissement de Turin a recours, depuis des mois, à la fabrication additive tandis que le laboratoire thermomécanique romain étudie la question pour différentes applications à venir. A L’Aquila, le fameux robot collaboratif, CRATOS, est utilisé pour intégrer des composants électroniques sur les satellites COSMO-SkyMed de deuxième génération. Véritable couteau suisse, CRATOS peut par ailleurs être reprogrammé pour accomplir différentes tâches. Les établissements de Rome et de Turin ont recours à des outils de Réalité Virtuelle pour supporter les activités AIT et ingénierie.

A Rome comme à Turin, on a recours à des analyses de Big Data (concept permettant de stocker un nombre indicible d’informations sur une base numérique) afin de mieux contrôler et extraire la moelle essentielle des informations volumineuses générés par les tests, les mesures de télémétrie en tout genre…
Thales Alenia Space en Italie travaille également sur des projets dimensionnant visant à connecter toutes les machines et outils de production, pour un support global au cycle de vie du produit. En résumé, nous sommes en train de mettre en application l’Internet des Objets (the Internet of Things) dans nos processus de fabrication. Les technologies numériques nous permettent de capitaliser sur ces données pour travailler plus efficacement et fabriquer des produits encore meilleurs.
Copyrights :
First artistic view : ©Thales Alenia Space/Briot
First image Virtual Reality : ©IStock
Photo Laura + second image regarding Virtual Reality: ©Thales Alenia Space
CRATOS: ©Thales Alenia Space
Innovation : © Briot/Creative Spirit