Quand la science-fiction devient réalité !
Dans un futur proche, les astronautes devront être en capacité de cultiver des plantes à usage alimentaire dans un environnement extra-terrestre. C’est un peu ce que fit Matt Damon dans le film de Ridley Scott, « Seul sur Mars », en faisant pousser des pommes de terre dans son espace de vie. D’après l’astronaute anglais de l’Agence Spatiale Européenne, Tim Peake, les premiers explorateurs pourraient arriver sur Mars dans les 20 prochaines années. Ces derniers pourront remercier Giorgio Boscheri, ingénieur de 34 ans, qui a récemment pris part au passionnant projet EDEN ISS, destiné à fournir de la nourriture à l’Homme dans l’espace.
Financé par le programme Horizon 2020 de l'Union européenne, le projet EDEN ISS se concentre sur la « Démonstration au Sol des Technologies de Culture Végétale et de l'Exploitation dans l'Espace» et sur l’amélioration de ces technologies. Le but ultime est "d’assurer la production d’aliments dans la Station Spatiale Internationale, les futurs véhicules d'exploration spatiale et les avant-postes planétaires".
Revenu tout droit de l’Antarctique, nous avons demandé à Giorgio Boscheri, responsable technique pour les technologies bio-régénératives, de nous faire part de cette expérience insolite !
Pourquoi le choix de l’Antarctique pour tester ce type de technologies ?
Nous pouvons faire une analogie entre une mission d’exploration spatiale et une mission scientifique en Antarctique. Je note trois points de similitudes. D’un point de vue microbiologique, la température extérieure empêche toute contamination microbienne. Nous pouvons ainsi nous concentrer exclusivement sur les bactéries transportées avec le matériel de l’équipage. Ceci est réellement important pour tester des solutions propices à une culture sûre et robuste dans un environnement contrôlé.
Il y a un également parallèle à faire d’un point de vue logistique sachant que notre unité d’analyse mobile ne peut être ravitaillée pendant 9 mois. Compte tenu des conditions extérieures on-ne-peut-plus extrêmes, toutes les opérations doivent être effectuées dans le volume confiné de notre laboratoire.
La dernière analogie est d’ordre psychologique: notre unité offre un espace de vie, chaud, confiné. Les membres de l’équipage peuvent passer du temps ensemble pour se créer une véritable « bulle d’oxygène » rassurante dans un environnement isolé. L’Antarctique, c’est un peu au milieu de nul part (rires).
Quel était votre rôle exact dans le cadre du projet ?
J'étais initialement responsable de l'assemblage du système et des contrôles opérationnels après l'expédition et l'intégration avec l'infrastructure de base. Ensuite, mon rôle a consisté à planter les premières graines dans la serre, à surveiller le développement des cultures et à finaliser l'entraînement de notre équipe d'hiver.
Pouvez-vous déjà évaluer les résultats de la mission ? Quelles sont les prochaines étapes ?
La serre fonctionne de façon nominale ; c’est déjà un bon début (rires). Etre capable de faire fonctionner le système "in situ" est aussi un excellent résultat. Nous avons déjà identifié quelques points d’amélioration, pour réduire en particulier la charge de travail de l'équipage et mieux optimiser la gestion de l’espace. Notre prochain challenge consistera à gérer la serre à distance. Il faudra ensuite «spatialiser» les matériaux clés, en attendant les résultats positifs des tests.
Vous avez passé 30 jours dans l'un des endroits les plus reculés de la Planète. Quel effet cela fait-il de vivre si loin de chez soi ? Pouvez-vous nous décrire une journée de travail type en Antarctique ?
Vivre loin de ma famille, c’est ce qui a été plus difficile pour moi, d’autant plus que je viens d’avoir un enfant qui n’a que 4 mois. Cependant, d’être coupé de la civilisation, d’éviter la circulation des grandes villes et la pollution, cela m’a fait un bien fou (rires) ! La base de Neumayer III était vraiment confortable, offrant un environnement amical propice au repos et à la concentration. La journée était régulée autour des 3 repas, avec le petit-déjeuner à 7 heures, le déjeuner à midi et le dîner à 18 heures. Je prenais l’habitude, le matin comme l’après-midi, de marcher dans la neige pour atteindre la serre, qui se trouvait dans un container de 12 mètres de long, lui-même situé à 400 mètres au sud de la base principale. Notre travail était très dépendant de la météo quotidienne. Après le diner, nous prenions l’habitude, au sein de l’équipe, de passer du temps ensemble pour discuter des tâches qui nous incombaient le lendemain, traiter nos emails… Nous essayions aussi de nous astreindre à des activités sportives et, « cerise sur le gâteau », nous avions pris la délicieuse habitude de faire des balades en scooter des neiges (rires).
Thales Alenia Space : contributeur clé pour la survie des hommes dans l'espace !
En coopération avec quatorze organisations internationales, comprenant les universités, les instituts de recherche, les entreprises et les petites entreprises, Thales Alenia Space est un contributeur clé pour la survie des hommes dans l'espace et l’exploration de nouveaux mondes qui pourront être un jour une base de vie pour l'humanité.
Photos coprights: DLR - Bruno Stubenrauch - iStock photos