Un bijou de technologie en orbite
Ouragans monstrueux. Typhons mortels. Tsunamis dévastateurs.
Selon l’adage, « tout le monde parle du temps qu’il fait, mais personne n’y change rien ». Si cela a été longtemps vrai, ce n’est plus le cas aujourd’hui : les satellites météorologiques de dernière génération, véritables « yeux dans le ciel », permettent d’agir sur le climat, à court comme à long terme.
Ces deux temporalités sont d’ailleurs liées, alors que le changement climatique produit des évènements météorologiques toujours plus extrêmes.
À court terme, les satellites météorologiques actuels renvoient sur Terre en temps quasi-réel des images précises, qui signalent, plus en amont que jamais, les perturbations dangereuses dès leur formation, ce qui donne aux populations un délai supplémentaire pour se mettre à l’abri et protéger leurs biens.
À moyen et long terme, les satellites qui surveillent l’évolution atmosphérique et océanique fournissent aux scientifiques des indices cruciaux sur le changement et le réchauffement climatiques, permettant à l’action publique de réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Les satellites météorologiques actuels réalisent des observations révolutionnaires, tant par la qualité que par la quantité des images fournies.
La percée de l’imagerie 3D
Sandrine Mathieu est Product Line Manager en météorologie et océanographie chez Thales Alenia Space. Maître d’œuvre de tous les satellites météorologiques géostationnaires européens depuis plus de quarante ans et leader de la météorologie satellitaire, la société développe actuellement pour l’Europe une nouvelle génération de satellites d’observation de la Terre. Après avoir coordonné la fabrication de sept satellites Météosat, puis de quatre satellites MSG (Météosat seconde génération), Thales Alenia Space travaille sur la troisième génération (MTG), en partenariat avec OHB. Cette dernière génération comprend six satellites : quatre imageurs et deux sondeurs, qui explorent la dynamique interne de l’atmosphère.
Sandrine Mathieu explique : « Pensez à l’atmosphère comme à un millefeuille, cette pâtisserie à plusieurs couches. Jusqu’à récemment, nous ne parvenions à voir que la couche supérieure. Aujourd’hui, nous sommes capables de voir toutes les couches pour en analyser la température, la pression et la concentration de gaz (l’oxygène par exemple). Nous détectons ainsi les changements à l’origine des tempêtes et pouvons lancer l’alerte nettement plus tôt en cas d’évènements météorologiques extrêmes, apparemment plus fréquents sous l’effet du changement climatique. »
Pas étonnant que, pour Sandrine Mathieu, cette technologie en 3D de Thales Alenia Space soit à l’observation météorologique ce qu’est au diagnostic médical le scanner du corps entier, par rapport à une simple radiographie.
Les progrès de Thales Alenia Space en matière de systèmes optiques et de radars spatiaux contribuent également à améliorer en continu, tant en quantité qu’en qualité, les images que fournissent, plus vite et avec plus d’informations exploitables, les satellites météo.
De trente minutes entre chaque image sur les satellites de première génération à dix minutes aujourd’hui et, bientôt, une image toutes les une à deux minutes.
D’une résolution maximale de cinq kilomètres il y a peu à 500 mètres aujourd’hui.
Fournir aux décideurs les informations nécessaires pour faire face au changement climatique
Dans le cadre du programme européen Copernicus de surveillance et de gestion de l’environnement, la nouvelle famille des Sentinelles vise à créer la ceinture satellitaire la plus ambitieuse jamais réalisée pour disposer à l’échelle planétaire et en continu de capacités d’observation de la Terre à large couverture, autonomes et de qualité. Dans ce cadre, Thales Alenia Space assure désormais la maîtrise d’œuvre des satellites Sentinel-1 et 3, avec quatre modèles pour chaque série. La société est chargée du segment sol image de la mission Sentinel-2 et construit le spectromètre imageur embarqué sur Sentinel-5P ainsi que l’altimètre radar Poseidon-4 pour la mission Sentinel-6.
Ces « yeux dans le ciel » de nouvelle génération profiteront des gains de performance rendus possibles par l’ingénierie Thales en création d’images satellitaires. Ils s’imposeront comme un outil unique, indispensable pour comprendre notre climat aujourd’hui et demain.
« Bientôt, grâce aux satellites géostationnaires météorologiques européens, nous enregistrerons la foudre en temps réel, poursuit Sandrine Mathieu. Cela nous aidera aussi à comprendre le développement des évènements météorologiques extrêmes. Profitant d’autres données de satellites météorologiques et océanographiques de dernière génération, nous créons des modèles bien mieux ‘informés’ pour les prévisions météo et l’anticipation des changements climatiques. C’est ainsi qu’avec nos partenaires, dont l’Agence spatiale européenne, EUMETSAT et les agences de nombreux pays d’Europe, nous pouvons fournir aux décideurs politiques les informations dont ils ont besoin pour faire face aux très graves défis du changement climatique auxquels nous sommes confrontés. »