Réseau de communications Syracuse III : une grande ambition réalisée pour les forces françaises
Avant Syracuse III, la Marine et l’armée de Terre possédaient chacune leur système sol de communications par satellites. Cette 3e génération a été une étape-clé pour les fédérer, optimiser la consommation de la ressource spatiale par un nombre plus important d’utilisateurs, et satisfaire leurs besoins croissants en échanges.
La Marine, en avance sur l’utilisation des communications satellitaires, a toujours poussé les technologies de transfert de messages et d’échanges de bases de données qui commencent à éclore avec internet et IP. Celles-ci accroissant les exigences de performances notamment en termes de débit, conditions d’emploi en mobilité et en environnement sévère.
Dès l’origine, le segment sol Syracuse III a une grande ambition. Ses challenges tant techniques, que calendaires et opérationnels sont importants. Notamment pour que la France se dote d’un véritable système sol interarmées, contribuant, en interfaces avec de nombreux autres systèmes militaires, aux échanges critiques de bout-en-bout des utilisateurs.
Le programme Syracuse III se compose de deux segments : le segment spatial – les satellites et leur contrôle – et le segment sol – le système de moyens de communications mis en œuvre au niveau des utilisateurs déployés.
Les dates clés du programme
2000
Syracuse III démarre en 2000 par le segment spatial, avec le lancement de la réalisation des satellites Syracuse 3A et 3B pour répondre au besoin de protection des transmissions satellitaires. Il doit faire face aussi à la croissance exponentielle des besoins en communications à haut débit sur de longues distances, depuis la chute du mur de Berlin et la multiplication des opérations extérieures, tout d’abord au Kosovo, puis en Afghanistan, au Sahel…
2002
La Direction générale de l’armement (DGA) et les Armées décident de pallier la « fragilité » intrinsèque des systèmes satellitaires face aux menaces de brouillage en se dotant, outre les nouveaux satellites, de capacités de transmission extrêmement protégées. Ce qui donne naissance, en anticipation du segment sol Syracuse III, au démarrage de la réalisation du System21, attribué à Thales qui avait investi dans des études amont bien des années avant que le segment sol ne lui soit notifié.
2004
Fin 2004, la DGA et les Armées notifient à Thales le segment sol Syracuse III (système réseaux et stations). Ce marché sur 15 ans inclut initialement trois incréments capacitaires, dont le déploiement opérationnel est prévu tous les ans et demi, avec au total près de 400 stations sols navales et terrestres associées, utilisables 24/7 par les militaires sur tous les théâtres d’opérations.
Depuis lors, enrichi par son retour d’expérience, le segment sol de Syracuse III est en constante évolution pour s’adapter à celle des besoins opérationnels. Car, à l’origine, il était impossible d’imaginer comment allaient évoluer les besoins dans les quinze ans à venir…
2006–2007
Depuis 2006, le système de transmission protégé System21 est référencé par l’OTAN, avec le STANAG 4606. Cette référence et les challenges relevés en France avec les premiers déploiements opérationnels du segment sol Syracuse III permettent à Thales, dès 2007, de se positionner au Moyen-Orient.
2010
Grâce à son développement international, et face aux nouveaux besoins des réseaux terrestres utilisateurs du segment sol Syracuse III, Thales acquiert un capital d’expérience qui fournit une base solide à la rénovation tout-IP du système sol Syracuse III. Un vrai saut technologique, amorcé par une nouvelle génération de modems tout IP du System21 antibrouillage, réalisé pour l’international, dont bénéficient en retour les forces françaises.
D’autres innovations technologiques suivent, telles que les stations mobiles terrestres embarquées sur des véhicules blindés en mouvement (programme VENUS*), ou l’utilisation d’une nouvelle bande de fréquences Ka pour l’internet par satellite, s’ajoutant à la bande X et préfigurant Syracuse IV.
Aujourd’hui, tous ces moyens de communications sol sont utilisés 24/24 depuis plus de 400 stations navales ou terrestres, déployées au service des armées françaises. Ce succès s’étend à l’international grâce à plusieurs contrats signés avec l’OTAN et plusieurs pays de l’Union Européenne et du Moyen-Orient. Thales se classe ainsi au 3e rang mondial et au 1er en Europe pour le segment sol des communications militaires protégées.
Le segment sol Syracuse III a plus que largement réalisé son ambition. Essentiellement basé sur un système ajusté en permanence, il fédère les échanges critiques de bout-en-bout, grâce à une intégration progressive et continue très imbriquée entre les technologies réseaux, transmissions et stations du système, avec des apports capacitaires rapidement déployés dans les forces. Cette amélioration continue a pu se dérouler, sans rupture de services, tout en tenant compte des évolutions de tous les systèmes connexes raccordés.
La transition du segment sol de Syracuse III vers celui de Syracuse IV**, pour laquelle les premières étapes sont déjà enclenchées, est prévue à partir de 2023...
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Syracuse III
Acronyme de SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE, Syracuse est un programme français de communications militaires protégées et sécurisées, utilisant des satellites et des segments sol.
Syracuse permet d'assurer l'ensemble des communications entre la France et les unités en opérations sur les théâtres extérieurs. Trois générations de satellites ont été déployées depuis 1984, le premier programme Syracuse I ayant débuté en 1980.
Terminologie :
- Pour les programmes complets : Syracuse III, Syracuse IV.
- Pour les satellites : Syracuse 2, Syracuse 3 (les 2 satellites : SYR3A, SYR3B), Syracuse 4 (les 2 satellites prévus : SYR4A, SYR4B).
- Pour les segments sol : Syracuse III, Syracuse IV
Chiffres-clés
2 satellites : Syracuse 3A and 3B.
Segment sol :
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1 système unique permettant d’utiliser tous types de stations dans tous types de conditions de déploiement.
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4 versions système, se succédant de 2006 à 2014 pour répondre aux évolutions des contextes d’emploi.
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400 stations d’une dizaine de types différents, pour les forces navales et terrestres, de la plus grande sur le porte-avions Charles-de-Gaulle à la plus petite équipant le véhicule blindé GRIFFON.
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Nombre d’utilisateurs multiplié par 10.
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500 à 1 000 personnes en moyenne (Thales et son écosystème), mobilisées pour le développement, la production, le déploiement et le soutien.
Jalons-clés
- 2000 : lancement du marché spatial Syracuse III.
- 2004 : démarrage du contrat segment sol.
- 2005 : mise sur orbite de Syracuse 3A.
- 2006 : mise sur orbite de Syracuse 3B ; début d’utilisation opérationnelle 24/24 du segment sol.
- 2015 : lancement du marché spatial Syracuse IV
- 2019 : notification du segment sol Syracuse IV (premier incrément)
- 2021 : mise sur orbite de Syracuse 4A
- 2022 : mise sur orbite de Syracuse 4B
- 2023 : premiers déploiements des stations sol Syracuse IV ; transition du système sol Syracuse III vers le système Syracuse IV, jusqu’à 2027.