De l’importance du brevet
La capacité d’invention d’une entreprise est capitale pour son développement. Encore faut-il savoir protéger et valoriser ce capital intellectuel, comme nous l’explique Jérôme Plante-Bordeneuve, directeur de l’analyse et de la valorisation de l'actif technologique de Thales.
Comme nombre d’entreprises de haute technologie, Thales met souvent en avant le nombre de brevets qu’il détient. Pourquoi est-ce si important ?
D’abord parce c’est un marqueur fort de notre capacité à innover. Cette capacité à inventer, non seulement fait partie de l’ADN de notre Groupe depuis sa création il y a cent trente ans mais constitue la condition même de son développement durable. D’où la nécessité de protéger le plus efficacement possible nos inventions.
Par le brevet ?
Effectivement. N’oublions pas qu’une invention est avant tout un différenciateur technique. Le brevet est le seul moyen d’empêcher toute autre entreprise ou toute autre organisation d’utiliser une invention telle qu'elle est décrite dans ce qu’on appelle « les revendications » du brevet.
Ces revendications définissent la portée juridique de la protection et délimitent le monopole d’exploitation que possède le titulaire du brevet. C'est donc la garantie que vos concurrents n'auront pas la possibilité d'utiliser votre invention. C'est évidemment une garantie essentielle pour nous mais aussi pour nos clients qui sont ainsi assurés d’être les seuls à bénéficier d’une invention.
Quelle est la force de frappe de Thales en matière de propriété intellectuelle ?
Chaque année, nous avons environ 350 à 400 inventions pour lesquelles nous déposons une demande de brevet. Nous disposons d’un portefeuille d'environ 6 000 familles de brevets, soit, au total, plus de 22 000 brevets dans plus de 50 pays. Ce qui montre l'effet de levier international que nous pouvons obtenir à partir de nos inventions. Et tout cela grâce à nos inventeurs : plus de 3 500 chercheurs et ingénieurs du Groupe ont participé à un dépôt de brevet !
Un élément très important à relever est la part de nos brevets dans nos technologies clés, celles qui fondent la croissance future de Thales : près de 50 % de nos premiers dépôts de brevets concernent nos technologies clés. Pour ce qui est de l’intelligence artificielle, par exemple, cela représente 40 à 50 nouvelles inventions chaque année. Les autres technologies clés concernent le Big data, la cybersécurité, la mobilité, l’internet des objets, la réalité augmentée, les technologies Cloud sans oublier les technologies quantiques, essentielles pour l’avenir.
Ce qui est remarquable, quand on regarde ce portefeuille, c’est la diversité et la richesse des sujets traités. Une richesse que l’on retrouve également, je crois, dans le Prix de l’invention que vous avez organisé récemment en interne. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
L’objectif de ce prix est d’abord de rendre hommage aux inventeurs de Thales qui, par leur passion et leur créativité, font progresser la science et la technologie et contribuent à la croissance du Groupe, sans oublier les équipes qui gèrent notre propriété intellectuelle et protègent nos inventions.
Nous nous sommes concentrés sur les inventions dont la première publication a eu lieu au cours de l'année 2022, avec une date de dépôt dix-huit mois avant et en excluant les inventions classées ou détenues en copropriété.
Nous avons ainsi obtenu 300 inventions, et nous en avons sélectionné trois : la première concerne le domaine des capteurs quantiques, la deuxième permet de résister aux attaques post quantiques sur des certificats cryptographiques et la troisième permet d’utiliser un réseau 4G/5G pour un usage militaire sans que cette utilisation soit détectable, tout en étant conforme à la norme.
Comme vous le voyez, les champs d’application sont, là encore, très divers. Et je peux vous dire que de nombreuses inventions qui n’ont pas été sélectionnées en phase finale sont tout aussi passionnantes et prometteuses.
"Nos inventeurs préparent le futur de Thales et, au-delà, contribuent à construire cet avenir de confiance auquel nous aspirons."
Jérôme Plante-Bordeneuve